Avant la chute du mur, il y a 20 ans. Les « Ossis » avaient développé une culture de la blague, véritable antidote au renoncement et à la déprime. Aux heures les plus sombres du Rideau de fer, la censure, la répression et la pénurie ont donné naissance à un humour improbable.
Cet humour improbable et dissident, chargé d'autodérision, s'est réinventé après la chute du communisme.
Les rêves d'Occident habitaient en partie cette culture de la blague, alors que les frontières du bloc de l'Est étaient verrouillées, un état de fait symbolisé par le Mur de Berlin.
«Le dirigeant de la RDA, Erich Honecker, ordonne l'ouverture du Mur. Bouche bée, un ministre demande quel est l'objectif de cette manoeuvre, ''J'ai envie d'être seul'', répond le chef de l'Etat est-allemand».
Ce Rideau de fer frustrait aussi le peuple soviétique, jusque dans les devinettes sur la conquête spatiale:
«Pourquoi l'URSS a-t-elle décidé de ne pas envoyer d'hommes sur la Lune ? De peur qu'ils n'y demandent l'asile politique».
Aujourd'hui encore, l'Allemand de l'Ouest - le «Wessi» réputé pour son pouvoir d'achat - et celui de l'Est - l'«Ossi» à la peine économiquement - sont séparés par un rideau de fer humoristique : «Qu'obtient-on si l'on croise un Wessi avec un Ossi ? Un chômeur arrogant».
Sous le joug soviétique, l'humour s'en prenait aussi au sacro-saint parti communiste, réputé corrompu et dirigé, particulièrement dans les années 1980, par de vieux caciques.
«Qu'est ce qui a 70 dents et quatre jambes ? Un crocodile. Qu'est ce qui a quatre dents et 70 jambes ? Le comité central du Parti», l'instance dirigeante du PC.
Trouver le bon mot était souvent synonyme d'insubordination, ce qui n'était pas sans danger. En RDA, ces Witze (blagues) étaient ainsi surnommées «3-7 Witze»: trois ans de prison pour celui qui les écoute, sept pour celui qui les raconte.
La peur n'a cependant pas découragé le rire, véritable antidote au renoncement et à la déprime. «Le Festival soviétique des blagues politiques se tient de nouveau cette année. Premier prix : Dix ans de vacances d'hiver en Sibérie».
Les blagues revisitaient aussi les grands classiques du dogme socialiste.
«Le capitalisme, c'est l'exploitation de l'Homme par l'Homme. Le communisme c'est exactement l'inverse», s'amusait-on à déclamer en Pologne.
La paranoïa du régime n'était pas en reste, comme en témoignent ces trois citoyens soviétiques expliquant comment ils se sont retrouvés au goulag.
«J'ai eu cinq minutes de retard au travail, et j'ai été condamné pour sabotage», dit le premier.
«Moi, j'ai eu cinq minutes d'avance et j'ai été condamné pour espionnage», explique le second.
«Ben moi, je suis arrivé à l'heure, et j'ai été condamné pour contrebande de montres occidentales », réplique le troisième.
Lorsque les 65 ans de la Révolution d'Octobre furent célébrés en 1982, même les dissidents se réjouirent... à leur manière : « Le pouvoir soviétique a enfin atteint l'âge de la retraite ».
Et certains préféraient se gausser des galères de la vie quotidienne :
« Qu'est-ce qui est mieux, l'enfer des communistes ou des capitalistes ? Celui des communistes bien sûr ! Il y a toujours une pénurie d'allumettes ou d'essence, ou alors c'est la chaudière qui est en panne, et le reste du temps le diable et ses démons sont aux réunions du parti ».
GANZ TOLL!!
mais comme on dit "du musste dort sein!"
A l'occasion des celebrations des 20ans de la chute du mur, plusieurs site florissent pour revisiter ce moment historique et pour plus de fun c'est par ICI