Les principaux candidats vantent en choeur les mérites du «made in France», mais ils font fabriquer leurs produits dérivés à l'étranger.ll'equipe de «20 Minutes» a fait du shopping dans les QG de campagne...
En pleine crise économique, aucun candidat à la présidentielle n’échappe au débat sur le «made in France». A tel point qu’ils s’en disputent même la paternité.
Mais il y a un fossé entre les discours et les actes. 20 Minutes est allé vérifier dans les boutiques des partis si les candidats appliquaient à leurs produits dérivés la fameuse règle du «made in France»…
«Les gars de la Marine» fabriqués au Bangladesh
«La Poste vient de se fournir en scooters Taïwanais! Et vous trouvez ça normal?» Il est un peu plus de 21h, le 11 décembre dernier, quand Marine Le Pen harangue la foule qui lui fait face dans une salle de Metz.
Pourtant, un coup d’œil sur l’étiquette des t-shirts «Les gars de la Marine» (10 euros) suffit à constater que la candidate qui vante le protectionnisme économique s’approvisionne elle aussi en Asie du sud est. Au Bangladesh très exactement.
«Oui, ils viennent de l’étranger, reconnaît Paul-Alexandre Martin, responsable de la boutique. Mais ils sont floqués en France…
En tous cas, ce sont les produits qui se vendent le plus en ce moment.» *
En revanche, assure le responsable, les briquets sont, eux fabriqués en France.
Quant aux fameux strings ornés de la flamme tricolore, ils sont aujourd’hui en rupture de stock.
«Leur fabrication, c’était une initiative personnelle d’un militant, assure Paul-Alexandre Martin. On n’a pas renouvelé l’expérience.» Enfin, avis aux collectionneurs, il reste en revanche d'importants stocks de produits datés de 1995 et de 2002. «On en avait trop commandés. Il nous en reste plein… »
Les calculettes UMP viennent de Chine, les t-shirts du Maroc
La boutique Pop’Store n’a pas été oubliée dans le déménagement du siège de l’UMP. C’est même la première chose qu’on voit quand on pénètre dans le local du parti, rue de Vaugirard. A droite en entrant, la pièce offre un large choix de livres mais aussi de «goodies». Si les mugs et les cendriers sont, fièrement, marqués du logo «Fabriqué en France. Porcelaine de Limoges», il n’en est pas de même pour le reste des produits. Les t-shirts «Ensemble tout devient possible» (5 euros) sont fabriqués au Maroc.
Quant aux calculatrices affublées de l’arbre de l’UMP, elles viennent de Chine. Contacté, l’UMP n’avait pas répondu à nos questions à l’heure où nous écrivions ces lignes.
Après s’être fait prendre en flagrant délit, par le Petit Journal, dans une rutilante Audi, François Bayrou fait beaucoup plus attention aux symboles. A tel point que la boutique de campagne n’est pas encore ouverte. «Elle le sera dans une quinzaine de jours, assure Jean-François Martins, son directeur de campagne. Il nous a fallu un peu de temps pour trouver des producteurs français.»
Mais le parti centriste semble y être parvenu.
Après son opération t-shirt «Irrésistible» tissé, teint et floqué en Bretagne par Armor-Lux, François Bayrou a décliné le concept. «La semaine dernière, il a visité une usine à Albi reprise en Scop par les ouvrières. Il a décidé de leur commander 1.000 écharpes», poursuit Jean-François Martins. Quant aux crayons de bois estampillés MoDem, ils viennent eux des Vosges.
«Quand je vois que le t-shirt Marine Le Pen coûte 10 euros en venant du Bangladesh et que le notre coûte le même prix en venant de Bretagne, je me dis que c’est possible!»
La «charte éthique» du parti socialiste :
«Nous nous efforçons de faire fabriquer nos produits en Europe et en particulier en France. Lorsque notre production provient de l’étranger, nous travaillons avec des prestataires qui nous garantissent le respect de nos critères.» La boutique en ligne du parti socialiste ne prend pas les clients en traître.
«Mais il y a des produits impossibles à faire fabriquer en France, ou même en Europe», se défend Marie Emmanuelle Assidon, directrice de la communication. Les t-shirts «Le changement c’est maintenant» (5 euros) viennent donc du Portugal. «Mais les drapeaux sont made in Drôme», poursuit la directrice. Le problème vient plus des produits peu communs comme les vuvuzelas ou les ballons en plastique.
«Tout ça vient d’Asie, reconnaît-elle. Et en plus, ça fait un boucan impossible!»
En revanche, Marie-Emmanuelle Assidon est très fière d’avoir réussi à faire fabriquer des boules à neige PS par «le dernier mec qui en fait en France.» (???!!!!
De fait, les fameuses boules coûtent plus cher mais elles sont fabriquées à la main.